mardi 27 décembre 2011

"Gólgota Picnic" de Rodrigo García


Ce soir là, des bastions de C.R.S. en tenue de maintien de l’ordre encerclaient le Théâtre du Rond-Point pour la première représentation à Paris du sulfureux « Gólgota Picnic ». Cet impressionnant dispositif de sécurité avec fouille au corps, détecteurs d’armes, contrôles multiples, répondait au rassemblement de catholiques ultras venus protester contre le contenu « blasphématoire » de la dernière création de Rodrigo García. Au programme : une multiplication des hamburgers, un ange achetant des ailes sur eBay, des chutes libres, de la bidoche, des canons à peinture, un piano à queue. De l’imaginaire biblique dilué dans de l’ultraconsumérisme. Pas non plus de quoi s’offenser, mais visiblement assez pour faire une tempête dans un bénitier.

"La Noce" de Bertolt Brecht m.e.s Isabel Osthues


Œuvre de jeunesse de Bertolt Brecht, « la Noce » est un huis clos choral qui tire à boulets rouges sur les conventions sociales et les bassesses de la petite bourgeoisie de l’après-guerre. Si la nouvelle traduction de Magali Rigaill grince et dézingue à tout va, la mise en scène d’Isabel Osthues et son parti pris clownesque en ôte largement le piquant. Mais Comédie-Française oblige, c’est propre, bien joué et plutôt divertissant.

"Violet" de Meg Stuart


Avec sa dernière pièce, « Violet », la chorégraphe Meg Stuart effectue un virage réussi dans l’abstraction. Cinq danseurs en surrégime répètent des séquences mécaniques sur des sons électro se déployant à l’infini. Un tic-tac sidérant aux airs de transe contrariée, où se mêlent solitude, érotisme, tendresse et rage libératoire.

"L'Entêtement" de Rafael Spregelburd m.e.s Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier


Le Théâtre des Lucioles continue d’explorer l’œuvre du passionnant auteur argentin Rafael Spregelburd. Quatrième volet d’une heptalogie sur les dérives morales, « l’Entêtement » en est aussi l’un des plus sombres. Il nous invite dans la demeure d’un commissaire fasciste à l’heure de la guerre civile espagnole. Malgré l’originalité du point de vue et l’extraordinaire prestation de Judith Chemla, on se perd rapidement dans les méandres d’une écriture touffue, bavarde et dispersée.

"Tartuffe" de Molière m.e.s Eric Lacascade


Après Tchekhov et Gorki, Éric Lacascade s’attaque à un gros morceau du répertoire avec « Tartuffe » de Molière. Menant sa jolie troupe avec dynamisme et légèreté, il signe ici un faux huis clos comique sur fond d’implosion familiale. Soutenu par une somptueuse scénographie, ce parti pris offre un éclairage tout à fait rafraîchissant sur la pièce.

One man show de Gaspard Proust


Mon dieu qu’il est triste, ce Gaspard Proust ! Poussiéreux comme une gravure du xixe siècle et portant tous les maux du xxie. Un paradoxe sur pattes, qui pour son dernier one-man-show s’offre le Rond-Point et déverse sa bile avec une désinvolture affectée. Une belle plume corrosive gâtée par un antijeu bien mollasson.

"Youri" de Fabrice Melquiot m.e.s Didier Long


Dans « Youri », Jean-Paul Rouve et Anne Brochet jouent le couple moyen « ramant » pour avoir un enfant jusqu’au jour où un étrange adolescent mutique s’immisce dans leur intimité. Ce joli postulat pinterien s’émousse dans les cinq premières minutes et nous laisse face à une comédie surjouée et une intrigue totalement vaine, où l’ennui succède à la consternation.
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