jeudi 12 juin 2008

Méliès, magicien du cinéma



Abracadabra, et un lapin sort du chapeau. Chez Georges Méliès, inventeur du trucage cinématographique et magicien de génie, le lapin aura vite fait de se transformer en décapité récalcitrant ou en homme-tronc, humour caustique oblige.

Ce qui fascine chez cet ensorceleur de pellicule, c'est la résonnance que trouve encore son oeuvre aujourd'hui à l'ère de la 3D m'as-tu-vu et du tout numérique. L'envoûtement est total. On déambule dans une semi-obscurité, fasciné par les automates et les effets d'illusionnistes du siècle dernier. Un univers où se mèlent baroque forain et féérie colorisée.

Avec cette exposition, la Cinémathèque Française fait une proposition de voyage à la source du cinématographe ; à travers le destin tourmenté de ce virtuose, de son âge d'or en 1900 à son déclin après l'apparition des géants Pathé, Gaumont et Eclair. Une réplique de son fameux studio de Montreuil, et des croquis de machinerie nous emmènent au coeur de la folie visionnaire de ce chef d'orchestre qui fut tour à tour, acteur, décorateur, producteur et réalisateur. Une incroyable autonomie dans la chaîne de production qui pourrait aujourd'hui donner des complexes aux auteurs les plus libertaires de la Nouvelle Vague et du Dogme.

Assis en tailleur dans la pénombre, au milieu des chuchotments et des accords de musiques d'un autre âge, les visiteurs écoutent, regardent et se donnent du coude pour les séquences les plus burlesques. Tout est là, le mythique « Voyage dans la lune » (1902) avec ses astres-tarte à la crème, ses explorateurs encapsulés et ses femmes-étoiles, et ses autres films moins connus comme « l'homme orchestre »(1900), « l'homme à la tête de caoutchouc »(1902) ou « La conquête du Pôle » (1912). On aimerait comprendre comment les femmes tombent du ciel retenues par leurs ombrelles, comment les têtes volent pour s'accrocher à une portée musicale, mais voilà, le propre de la magie c'est qu'on ne peut l'expliquer.

Georges Méliès, avant la Grande Guerre, est tombé dans l'oubli, vendant des jouets à Montparnasse pour subsister. Alors on pense à lui, à l'héritage qu'il a légué, on souhaiterait voir des ponts entre son oeuvre et le cinéma actuel, on aimerait revoir le clip-hommage des « smashing pumpkins », on se prendrait même à rêver d'un débat entre deux Georges. Lucas versus Méliès. Sans gant de boxe, juste comme ça, juste pour voir si Malraux avait raison quand il disait : « N'oublions pas que le cinéma, hélas, est aussi une industrie ».

Fiche exposition :
La Cinémathèque Française
Exposition-Rétrospective à partir du 16 avril.
Du lundi au samedi de 12h à 19h et le dimanche de 10h à 20h.

Aucun commentaire: